J’ai intégré la chorale lorsque j’avais 10 ans, encouragée par ma prof de musique qui connaissait le chœur des Polysons. J’en suis ressortie à 17 ans, à contrecœur. J’aurais bien continué toute une vie mais c’était un chœur d’enfants, il fallait donc bien grandir un jour.
Elisabeth nous a tant donné, tant appris…l’amour de la musique d’abord, la rigueur (il fallait bien connaître toutes ses paroles), le vivre ensemble, la tolérance, l’écoute….bien plus qu’une chorale c’était une école de la vie.
Elle nous a appris à utiliser notre voix, dans sa singularité lorsqu’il fallait la faire ressortir, dans son humilité lorsqu’il s’agissait de faire partie d’un ensemble, d’un chœur. Durant toute ma scolarité, j’ai ainsi pu utiliser ma voix (je crois avec cette justesse enseignée par Elisabeth), pour représenter mes camarades aux conseils de classe, pour monter des projets de collectivités locales et prendre la parole devant une centaine de personnes etc.
Le chœur des Polysons n’était pas une simple activité extra scolaire, c’était un engagement qui prenait du temps : semaine, week-end et vacances. Le chœur était partie intégrante de ma vie. Je me suis construite avec lui, grâce à lui. Les concerts, les stages d’été, Carmen au stade de France, le petit Poucet à la Comédie Française, sont autant de souvenirs qui resteront à jamais gravés en moi.
J’exerce aujourd’hui la profession de journaliste audiovisuelle pour un grand magazine d’information et de reportage. Là encore une histoire de voix. Je recueille la parole des autres et je prends la parole pour tenter d’expliquer le monde. J’utilise donc ma voix. Lorsque je pose cette voix en salle de mixe, dans un coin de ma tête, il y a toujours les conseils d’Elisabeth : « On sourit pour mettre du sourire dans la voix, on se tient droit, on chante avec le ventre… » et je me dit que si j’en suis là c’est en grande partie grâce à elle.
Lamia Belhacene, journaliste