J’ai fait partie du chœur des Polysons de 1997 à 2004, donc 7 ans qui séparent mon année de CM1 à l’école Fessart de ma rentrée en classe de première. Mon souvenir le plus ancien est l’enregistrement d’un CD de Pierre Chêne et le dernier, la participation à l’opéra Carmen au Stade de France. Entre temps, il y a eu les chansons de Prévert, les concerts à la Basilique de Saint-Denis, le travail avec Isabelle Aboulker, les CDs de chants de Noël, les stages d’été à Noirmoutier, Senlis… J’y suis rentré à 8 ans, j’ai arrêté à 15 ans… avec une voix de jeune homme que, pour grappiller quelques mois supplémentaires chez les Polysons, je m’étais appliqué (sans succès) à dissimuler en chantant perpétuellement en voix de tête : exercice assez fatiguant pour mes cordes vocales d’adolescent !
Autant dire que les Polysons ont été le fil rouge de toute cette période de ma vie. Dans les moments difficiles qu’on traverse toutes et tous dans le passage mouvementé de l’enfance à l’adolescence, j’avais toujours chaque semaine cette perspective qui me tenait à flots : le vendredi soir allait arriver et avec sa séance hebdomadaire de chorale. Chanter, c’est vital et ça ne m’a pas quitté depuis.
Cette longue expérience m’a vraiment aidé à prendre confiance en moi. J’étais un enfant sans difficultés sur le plan scolaire mais extrêmement timide avec les enfants de mon âge. Pouvoir participer à un projet aussi ambitieux, dans cette logique du chœur où personne n’est inférieur ou supérieur à l’autre mais où chacun doit et peut trouver sa place, cela m’a vraiment changé. Nous avons vécu des aventures incroyables… j’ai l’impression que chaque semaine, on nous apprenait un nouveau projet de concert ou de CD !
Et par ailleurs, tout cela se faisait dans une très grande rigueur propre à l’exigence artistique qui fait l’identité du chœur des Polysons. Ce degré d’ambition qu’on peut avoir pour des enfants et jeunes de tous milieux sociaux, sans complaisance, c’est ça, je crois, la meilleure façon de les respecter et ça m’inspire énormément dans ma vie professionnelle aujourd’hui.
Gabriel GAU, coordinateur artistique de la troupe de théâtre Tamèrantong